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La Façade Sud

La façade principale, au sud, se compose d'un avant-corps central encadré de part et d'autre d'un corps de bâtiment et d'un pavillon. L'entrée est déportée sur le corps de bâtiment ouest ; elle est précédée d'un escalier à balustres carrées en poire, comme celles de la terrasse qui ceint la partie ouest du château.

L'alignement des baies du rez-de-chaussée, toutes traitées de manière semblable et auxquelles il faut ajouter la niche centrale S 07, donne une grande unité à cette façade principale, qui se poursuit d’ailleurs sur le côté Ouest et sur la majeure partie de la façade postérieure.

Certaines des baies de la façade Sud se répondent de part et d'autre de l'avant-corps central selon le jeu de la symétrie générale du bâtiment. Les fenêtres S 15-16-17 forment un ensemble que l'on retrouve à l'est, S 23-24-25. Ces six fenêtres sont traitées de façon semblable. Sur les deux pavillons, S 27 et S 39 offrent une même ordonnance et un même décor.

L'ensemble de baies œil-de-bœuf-mansarde-œil-de-bœuf se retrouve deux fois sur cette façade : S 28-29-30 et S 39-37-381. Les œils-de-bœuf S 28, S 30, S 36 et S 38 ont une ornementation identique2. Les mansardes S 29 et S 37 sont aussi fort semblables : elles ne diffèrent que par le bas-relief qui les surmonte et par les animaux fantastiques au pied de leurs montants. Ces répétitions concourent à donner une grande cohérence à cette façade.

Dans le même ordre d'idées, il faut souligner le rigoureux agencement de l'avant-corps central : les trois fenêtres du grand balcon S 19, S 20 et S 21 sont toutes ornées de pivoines, et celles de l'étage supérieur S 32, S 33 et S 34 de tulipes. Le rez-de-chaussée participe à cette unité d'une autre manière : la niche centrale S 073 est encadrée par les roses de S 06 et de S 08. Cette attention portée à la décoration est d'autant plus remarquable que les fleurs semblent d'ordinaire disposées de façon aléatoire.

Les petites fenêtres placées sur le retour de l'avant-corps central sont identiques deux par deux : S 5 et 9, S18 et 22, S 31 et 35.

Une attention particulière a été portée à l'ornementation de cette façade, dont l'avant-corps central forme la pièce maîtresse, avec les grandes statues del'atlante, de la cariatide et des Muses. La corniche des pavillons est ornée de palmettes. Elle est supportée par des consoles avec un motif de fleur de muguet à la base et s'interrompt pour former un tympan où sont insérées les armoiries et la devise de la famille du Coëtlosquet. L'ensemble est surmonté d'un Éros. A la base de la toiture des pavillons court une frise végétale qui se termine aux angles par une ample volute de feuilles. Tout cela est bien conservé à l'est mais fortement dégradé à l'ouest.

a – Les baies du rez-de-chaussée
Au rez-de-chaussée4, les baies, légèrement cintrées, ont une agrafe ornée de fleurs. On distingue des roses, des pivoines, des iris et d'autres fleurs moins reconnaissables5, mais la seule qui offre un intérêt autre que simplement décoratif est le chardon, qui entre dans le symbolisme voulu par Maurice du Coëtlosquet. A ce niveau, l'emblème de la Lorraine, le chardon aux ânes, figure en effet au sommet de la porte centrale de l'entrée (S 3), une situation de choix, et de la fenêtre S 11, mais surtout sur la ferronnerie de la marquise qui protège l'entrée, au centre et en frise.

Il y a plusieurs exceptions à ce qui vient d'être dit. D'une part la fenêtre S 01 et la porte S 02 sont neutres, sans doute à la suite de réfections grossières6 ; neutres aussi les deux petites fenêtres S 05 et S 09. Sur la fenêtre S 13, d'autre part, la fleur de l'agrafe est remplacée par les roses qui terminent la console du balcon de la fenêtre S 26, au premier étage.

b – Les baies du premier étage
Au premier étage7, la décoration des baies est quelque peu différente. On retrouve les fleurs à l'agrafe des trois fenêtres du balcon de l'avant-corps central (S 19, S 20, S 21). Mais les trois fenêtres des corps de bâtiment ouest (S 15, S 16, S 17) et est (S 23, S 24, S 25) ont un linteau orné de petites fleurs stylisées alternant avec des denticules et surmonté d'une corniche à larmier ; sur les montants courent deux moulures à tore, l'une extérieure, l'autre intérieure.

Sur le pavillon ouest, la fenêtre S 14 est aujourd'hui neutre à cause d'une vilaine réfection. A l'opposé, le décor du linteau de la fenêtre S 26 du pavillon est se compose d'une volute centrale avec chardons de part et d'autre ; il est surmonté d'une frise de denticules et d'une corniche à larmier, qui supportent un fronton courbe dont le sommet porte une fleur stylisée. Les faces galbées du balcon de cette fenêtre sont délicatement semées de bouquets de roses.

Le pied des chambranles de la fenêtre S 14 est pourvu d'un motif végétal (feuilles de vigne vierge), un ornement qu'on retrouvera à mainte reprise sur les fenêtres à mascaron des autres côtés. C'est ici sa seule occurrence sur la façade principale. En particulier, il est absent de la fenêtre symétrique S 26. Parmi les autres endroits susceptibles de l'accueillir, on ne le voit pas non plus aux fenêtres S 23-S 25, ni à leurs équivalentes S 15-S 17, bien que cette partie de la baie n'y soit pas visible à cause de la marquise de l'entrée.

Le chardon n'est pas absent de ce niveau. Il apparaît aux petites fenêtres S 18 et S 22, mais aussi à la ferronnerie des balconnets des fenêtres S 14 (avec des feuilles losangées), S 23 et S 248. En outre, les deux corbeilles des extrémités du balcon sont elles aussi garnies d'un feuillage de chardon.

c – Les baies du deuxième étage et des combles
Au deuxième étage9, les pavillons et l'avant-corps central sont pourvus de hautes fenêtres ; les deux corps de bâtiment ont chacun un ensemble œil-de-bœuf-mansarde-œil-de-bœuf installé dans les toitures. C'est à ce niveau que se trouvent les principales représentations symboliques de la parure ornementale du château dont nous parlerons par la suite.

Les deux fenêtres des pavillons (S 27 et S 39) ont un encadrement fait d'une frise de feuilles. La boiserie de la partie haute du vitrage représente un visage de jeune femme au centre, avec trois fleurs à corolle et gros pistil de chaque côté. La corniche s'interrompt pour former un tympan où sont insérées les armoiries et la devise de la famille du Coëtlosquet ; l'ensemble est surmonté d'un Éros.

Le deuxième étage de l'avant-corps central est composé de trois fenêtres (S 32, S 33, S 34) dont les linteaux portent des tulipes. Au sommet, entre les arcs de cercle d'un fronton, prend place la mansarde S 40. Elle est elle même couronnée d'un fronton curviligne dont le tympan accueille le bas-relief du phénix renaissant de ses cendres, l'un des plus important du château. A chaque extrémité du linteau de cette mansarde se trouve un masque de Méduse, avec sa chevelure de serpents ; en-dessous, une guirlande de fleurs descend le long de la partie supérieure des montants.

De part et d'autre de l'avant-corps central, entre celui-ci et les pavillons, les toitures des corps de bâtiment sont elles aussi pourvues d'un décor important. Chacune comprend un ensemble de baies composé d'un œil-de-bœuf de chaque côté d'une mansarde (S 28, S 29, S 30 à l'ouest et S 36, S 37, S 38 à l'est). Les œils-de-bœuf ont tous les quatre un décor semblable : fleur d'iris au sommet et feuilles de chardon en bas de chaque côté de la fenêtre10.

Les parties supérieures des mansardes S 29 et S 37 sont traitées de la même façon : linteau avec une feuille d’acanthe à chaque extrémité et des feuilles de chardon entrelacées au centre ; il est couronné d'un fronton dont le tympan dont le sommet est occupé par deux volutes végétales et le centre par des feuilles de chardon. Par contre, les bas-reliefs qui surmontent les tympans sont différents : ils représentent la Peinture et l'Architecture à l'ouest (S29) et la Musique à l'est (S 37).

Ces deux baies S 29 et S 37 se distinguent encore par un autre détail d'ornementation. Accolés aux chambranles et reposant sur la balustrade du toit ont été placés des animaux fantastiques ailés. A la mansarde de l'ouest, il s'agit de dragons dont les plumes des ailes sont remplacées par des feuilles de chardon ; leur corps serpentiforme rampe le long du chambranle. A l'est, ce sont des béliers aux ailes pourvues de véritables plumes et dont la queue est posée contre le montant11.



  • 1. On le rencontrera de nouveau sur le côté Ouest, où il est amputé d'un œil-de-bœuf (O 11-12), ainsi que sur le côté Est (E 13-14-15). Sur la façade Nord, cet ensemble est repris avec une mansarde plus ornée (N 27-28-29).
  • 2. Tous les œils-de-bœuf de l’édifice, y compris N 27 et N 29, sont identiques.
  • 3. Les fleurs qui ornent l'agrafe de cette niche sont malheureusement abîmées ; nous n'avons pu les identifier mais il est certain que ce ne sont pas des roses.
  • 4. Voir Galerie 1a. Baies de la façade Sud. Rez-de-chaussée.
  • 5. Ces fleurs sont traitées selon le goût de l'Art Nouveau ; aussi leur stylisation les rend parfois difficilement identifiables. L'Art Nouveau de l'École de Nancy est donc bien présent au château de Mercy, bien que l'on ait dit que Maurice du Coëtlosquet ne l'appréciait guère. On retrouvera ce type de décoration de baies au rez-de-chaussée duc côté Ouest et de la façade Nord ; elle donne ainsi une certaine unité à l'ornementation de l'édifice.
  • 6. C'est une évidence pour la porte S 2 : cette porte ouest est en effet la seule des trois portes de l'entrée à rester sans décor. Et ça l'est sans doute pour la fenêtre S 1, du fait de sa situation dans la partie de réception du château.
  • 7. Voir Galerie 1b. Baies de la façade Sud. 1e étage.
  • 8. Étrangement, la ferronnerie de la fenêtre S 25 est ornée de feuilles d'iris, alors qu'on trouve des chardons aux deux autres. A l'ouest, les balcons des fenêtres S 15, S 16 et S 17 sont malheureusement cachés par la marquise de l'entrée.
  • 9. Voir Galerie 1c. Baies de la façade Sud. 2e étage et combles.
  • 10. Comme on le verra, les autres œils-de-bœuf du château (O 11, N 27, N 29, E 13, E 15) sont tous ornés de cette façon.
  • 11. Les têtes du dragon et du bélier de gauche ont toutes deux disparu. La tête du bélier qui subsiste n'est guère convaincante : s'il n'y avait la corne, on la prendrait pour une tête de chien.