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L'aigle.

Cet animal, rapace et cruel, est le symbole de la force et de la puissance. Les Celtes le portent en amulette et il est un des motifs des casques de leurs guerriers. Il est du côté de Dieu car il monte, sans être ébloui, vers le ciel où il sera régénéré. L'Eglise le considère comme un intermédiaire entre Dieu et l'homme, c'est pourquoi il est l'attribut de l'évangéliste saint Jean et se trouve sur la crosse de certains évêques. Les empereurs Otton III (980-1002), Henri III (1017-1056) et Richard de Cornwall (1220) le portent au bout de leur sceptre. L'aigle figure sur des pièces de monnaie de Frédéric II1 frappées en 1285 et reste le symbole de l'empire allemand. Le IIIe Reich lui met entre les griffes une croix gammée dont il sera débarrassé 1945. A présent il représente la République Fédérale Allemande où il marque la continuité territoriale de l'empire auquel il était attaché.

Le cachet de la ville de Haguenau.

L'oiseau de la chapelle palatine représenté sur le cachet de la ville de Haguenau était-il un aigle ou une colombe ? Un texte qui décrit la destruction de la ville en 1677 nous renseigne2.

„Selben tag und vorigen haben sich viele Soldaten bemühet, die taube oben auf dem Knopf des thurmes der Burg herunter zu machen, der meinung sie seye von Silber und vergolt, aber ist nur aus Kupfer und vergolt gewesen, als sie herunter gebracht, sahe man am halse der Tauben die iarzahl 1415... ‮« Le même jour, et la veille, beaucoup de soldats se sont appliqués à descendre la colombe du pignon de la tour du château, pensant qu'elle serait en argent doré, mais elle n'était qu'en cuivre doré ; descendue, on remarqua au cou de la colombe la date de 1415... ®Il s'agirait donc d'une colombe dorée, mise en place en 1415. Détail de la gravure de van Heyden.

La gravure bien connue de Van de Heyden de 1622 montre la chapelle avec un oiseau méconnaissable.Seul l'examen attentif du cachet de l'empereur permet de lever le doute. On y reconnaît vaguement le bec crochu mais très nettement les ailes coudées qui ne trompent pas. L'oiseau sur la chapelle était bien un aigle. Une colombe serait d'ailleurs plutôt blanche que dorée, et sans signification symbolique dans ce contexte.L'aigle figure sur le blason des Habsbourg depuis l'avènement de Rodolphe en 1273 jusqu'à l'abdication de Charles Ie en 1918, qui marque la fin du règne de la dynastie. Avec deux têtes, il représente la double monarchie austro-hongroise car depuis Charles-Quint, il regarde simultanément vers l'Orient et l'Occident.

Nous le trouvons ainsi peint sur la façade du Musée Alsacien et sculpté sur celle du Musée Historique car Haguenau faisait partie du Saint Empire Romain Germanique depuis 870, et resta sous la domination des Habsbourg jusqu'en 1648.

Des bornes armoriées portant l'aigle à deux têtes à côté de la rose de Haguenau délimitaient le territoire de la ville. On trouvera l'une d'elles conservée au Musée Historique.

Le blason des Fuller.

L'aigle se retrouve dans les blasons de quelques grandes familles haguenoviennes du Moyen Âge. Celui des Fuller est au Musée Historique dans un vitrail et celui des Geurdtheim sur la façade du Musée Alsacien, en compagnie du lion.

L'aigle figurait aussi sur le cachet de Reimbold von Sarbrücken en 1352, et même deux fois sur celui de Rennhart, Herre von Ettendorf en 1310.

À la chapelle de Harthouse, l'aigle se trouve comme attribut aux pieds de Saint Jean, qui tient un calice d'où émerge un petit dragon pour rappeler que ce saint a échappé à l'empoisonnement.

Il figure aussi, comme attribut de saint Jean, parmi les quatre évangélistes sur la chaire de l'église Saint Georges.

Blason des tanneurs.

La corporation des tanneurs de Haguenau avait un aigle dans son blason. Il est représenté par un vitrail du Musée Historique.

Un nid d'aigle est caché sous le balcon du XVIIIe siècle de l'ancien hôtel du Commandant de la place, côté rue des Sœurs.

La pharmacie de l'Aigle.

La pharmacie de l'Aigle manque d'enseigne, mais son nom est évocateur.

Shako.Monument au morts allemands.

On trouve l'aigle impérial sur les shakos le l'armée française de la guerre de 1870-71 au Musée Historique, et un aigle veille sur le monument aux morts allemands de cette même guerre au cimetière Saint Georges.

Une tête d'aigle sert de console à l'enseigne du restaurant Le Jardin, une autre, doublée d'un serpent à l'ancienne à la Salle de la Douane.

  • 1. Frédéric II (1272-1337) est venu 22 ou 23 fois à Haguenau.
  • 2. Französische Zerstörung der alten Statt Hagenau, welche im Januario dieses 1677 Jahres vollzogen worden. Miscell. Alsat. Bibliothèque de Strasbourg. Voir Guerber I, p. 570.