Le lion.

Le lion est, avec le serpent, un des symboles les plus répandus. La statuette la plus ancienne connue à ce jour est un homme-lion trouvé à Neandertal, sculpté dans une défense de mammouth il y a environ 30 000 ans.
Roi des animaux, le lion incarne la puissance et la domination. Dans le zodiaque, il est assimilé à un caractère qui aime commander et imposer ses idées.
L'expression la part du lion est tirée d'une fable d'Esope du VIe siècle avant notre ère. Dans la Bible, Samson terrasse le lion grâce à sa force surhumaine, tandis que dans l'antre, Daniel tient les lions en respect par la force de sa foi. Le lion est encore l'attribut de saint Marc parce que son évangile commence par la prédication de saint Jean-Baptiste dans le désert et que le lion est l'animal du désert1.
Des légendes du Moyen Age soulignent les ressemblances entre le Christ et le lion : il est ainsi toujours vigilant et dort les yeux ouverts, il efface ses traces sur le sable en les balayant avec sa queue pour dérouter les chasseurs. Il symbolise donc la sagesse.
Les petits lionceaux, à leur naissance, ne donnent aucun signe de vie; c'est leur père qui, au bout de trois jours, les rappelle à la vie en leur soufflant dessus. Cette légende rappelle la résurrection de Jésus, sorti, dit l'évangile, du tombeau trois jours après sa mort.
Depuis des millénaires, les rois ont choisi le lion pour emblème comme, par exemple Richard Cœur de Lion ou Henri le Lion. Il est aussi le logo de Peugeot : il représente la robustesse et la souplesse des lames de scie que la société produisait à ses débuts. Toujours d'actualité, Le Roi Lion est une des grandes réussites de Walt Disney.

Un lion sert de gargouille à l'abside de l'église Saint Georges. Dans la basilique de Marienthal on en trouve un autre, d'origine médiévale, à droite dans le choeur.

Le lion figure sur les blasons de Johan von Kuningensbach en 1426, sur celui de Rulin von Berstett, et sur celui du Stettmeister Vorstatt, taillé dans la pierre à droite de la porte d'entrée du Musée Historique.

Ascanio Albertini d'Ichtrartzheim (1564-1639), gouverneur et dernier grand bailli impérial de Haguenau, habitait la maison n° 143 de la Grand'rue2. Au début du XXe siècle, Ignace Moschenross y exploitait un restaurant nommé Au Lion Rouge. La maison a subi de nombreuses transformations et un petit lion rouge y fut retrouvé lors du dernier réaménagement ; il est actuellement en bonne place dans la salle du conseil municipal d'Ichtratzheim, débarrassé de son épaisse couche de peinture rouge.

Sur la chaire de l'église saint Georges, le lion est à côté de saint Marc représenté avec un livre ouvert sur ses genoux.

Parmi les boiseries du chœur de l'église Saint Nicolas, on trouve une statue de saint Jérôme (347-420) avec le lion pour attribut. L'animal symbolise la vie que le saint mena dans le désert : saint Jérôme, selon la légende, se serait lié d'amitié avec le lion de Bethlehem après lui avoir retiré une épine de la patte.

Les nombreux autres lions qui ont certainement existé à Haguenau avant la destruction de la ville en 1677 n'ont pas été ressuscités lors de la reconstruction car ils auraient fait ombre au Roi Soleil.

En 1886, la municipalité de Haguenau rachète une partie du mobilier du couvent de Neubourg. En fait partie la fontaine dite Aux abeilles, posée dans le parc près de l'église Saint-Georges3. Elle porte un blason avec un lion dressé, marque du fondateur de l'abbaye, Renaud de Lutzelbourg,

Au Musée Historique, on voit deux lionceaux de la même provenance.

On retrouve ce blason dans un vitrail le l'église Saint Nicolas.

Un lion figure dans un vitrail dédié aux Johannites dans de la chapelle Saint Jean-Baptiste, construite en 1517, qui se trouve à l'église Saint Georges. On y lit leur devise :
Temperantia, Perseverantia, Fortitude, Castitas4.

Le lion réapparaît en 1854 sur la corniche du théâtre de style empire.

Le restaurant Au lion d'or5, exploité autrefois par le brasseur Derendinger au coin de la Grand'rue et de la rue du Bouc, porte encore l'enseigne du restaurant.

Huit lions sculptés dans la pierre regardaient la ville du haut du château d'eau construit en 18846. Quatre autres en gardaient l'entrée. L'édifice fut dynamité dans la nuit du 2 au 3 décembre 1944 par l'armée allemande en fuite. Deux têtes en sont conservées dans le parc place Robert Schuman.

Un lion, réalisé par le sculpteur Alfred Marzolf et acquis par la ville, est placé près de la gare en bordure du boulevard de l'Europe.

Non loin de là, on voit une tête de lion sur la façade de la maison n° 8 de la rue Saint Georges, là où habitait l'antiquaire Jean-David Henninger.

• 1. Evangile selon saint Marc I 12-13.
• 2. La maison est connue sous le nom d'Ascanische Hof. C'est actuellement la Galerie Walter.
• 3. Le couvent a été fondé en 1028, mais cette fontaine date du XVIIIe siècle.
• 4. Modération, Persévérance, Force d'âme, Chasteté.
• 5. Actuellement Maroquinerie Ury.
• 6. On peut les voir sur la maquette en bois au Musée Historique.