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La fin du fantastique ?

Tête Barth.

Au XVIIIe siècle, celui des Lumières, les bourgeois abandonnent les symboles jugés irrationnels et les représentations d'animaux perdent tout leur intérêt. La prospérité retrouvée, les notables affichent leur propre tête pour marquer leur réussite sociale. Aussi près d'une centaine de têtes humaines ornent-t-elles les immeubles de la ville1. Georges Joseph Barth (1718-1796), qui a construit le plus bel immeuble de la ville2, a même placée deux fois la sienne sur la façade de son hôtel particulier pour être sûr de ne pas passer inaperçu.

Au XXe siècle, la photographie, surtout en noir et blanc, réinvente les bestiaires en les limitant cependant aux sculptures fantastiques médiévales.
Au seuil du XXIe, le besoin de fantastique qui hante l'homme depuis la nuit des temps renaît tous les jours. On retrouve ce besoin dans les bandes dessinées, les films de fiction et sur les murs de la ville. De nouveaux monstres naissent et s'affichent à l'entrée des cinémas et dans la publicité. Le petit monstre sympathique ET, Jurasic-Parc et le fulgurant succès d'Harry Potter montrent que l'ancestrale soif de fantastique n'a pas disparu.

Tag.Tag.

Les jeunes s'affirment en taguant les murs. L'on se fait tatouer pour s'affirmer : le goût du fantastique n'a pas d'âge, la clientèle des trois officines de tatouage qui oeuvrent à Haguenau s'étend au-delà de 70 ans. Les symboles n'ont plus la même signification mais le dragon ancestral exerce toujours même fascination sur les humains.

Tatouage.

Et, abstraction faite de toute considération fantastique ou symbolique, des particuliers confient leur portail à la garde de lions.

Lions rue Anshelm.

Ce bestiaire, qui montre l'omniprésence et la grande diversité des représentations zoomorphes à Haguenau est loin d'être complet. Les livres du Moyen Âge des Archives Municipales, avec leurs nombreuses enluminures, restent à exploiter. Il se veut pourtant une invitation à découvrir des aspects cachés et inattendus du patrimoine de la ville. Cela est accessible à chacun, mais pour bien comprendre les légendes et les mystères qui entourent les animaux, il faut se placer hors du temps et de retrouver le goût du merveilleux des hommes d'autrefois.

  • 1. Localisation des têtes :
    Fontaine aux abeilles, Angelots ; Grand'rue n°18 ; Halle aux Houblons ; Hôpital (ancien) ; Hôtel du commandant de la place ; Mairie ; les maisons Barth et Hoffman Grand'rue ; Pharmacie Keiff ; Maison Cassini 111 Grand'rue ; Maison Assmann ; Musée Historique ; Pensionnat Ste Philomène ; Place de Landau, statue de St Népomucène ; Poste, tête de la Germania ; Presbytère ; Rue des Anneaux n°8 ; rue du Château n°2 ; maison du coin de la rue des Roses ; rue du Maréchal Foch n°22 ; Salle de la Douane ; St Nicolas, St. Norbert et St. Nicolas ; Services techniques de la ville ; et probablement encore d'autres...
  • 2. Au n°59 de la Grand Rue.