Vous êtes ici
L'ours.
L'aspect monstrueux de l'ours, puissant, violent, incontrôlé, en fait le symbole de la cruauté et de la sauvagerie brute. Pendant tout le début du Moyen Âge, il était le roi des animaux, héros des légendes issues des vieilles mythologies germaniques. Dans la Germanie païenne, les jeunes gens devaient livrer un combat contre un ours pour devenir des guerriers adultes. L'Eglise ne pouvait que dévaloriser ce symbole païen en l'associant aux pires vices, lubricité, gloutonnerie et colère. A partir du XIe siècle, l'ours devient l'animal ridicule et pataud qui se jette avec gourmandise sur une ruche. Il est alors définitivement détrôné par le lion.
En Alsace, l'ours a quelque peu été réhabilité car, selon la légende, il aurait montré à Richarde, fille du comte d'Alsace et épouse de Charles le Gros, roi des Francs de Rhénanie, l'endroit où elle devait construire un couvent. Accusée injustement d'adultère et répudiée pour avoir embrassé la croix pectorale de l'évêque de Verceil, elle se retira à l'abbaye d'Andlau qu'elle avait naguère fondée à l'endroit désigné par l'ours. Elle y mourut quelques années plus tard. L'ours vient d'être définitivement réhabilité par le Pape Benoît XVI qui se compare à celui que Saint Corbien a transformé en bête de somme : L'ours (...) n'est-il pas à l'image de ce que je dois faire et de ce que je suis ? Je suis devenu ton mulet chargé de ton joug, c'est ainsi que je suis tout près de toi pour toujours.L'animal devait exister autrefois en forêt de Haguenau, mais il n'a pas laissé de traces. Aucune légende n'en parle. Seul le lieu-dit Baerenfeld, situé entre les routes de Wissembourg et de Soufflenheim, où se trouve la rue de l'Ours, qui y fait allusion. Cela n'est pas surprenant, quand on sait que l'ours, vedette incontestée de l'époque féodale, avait déjà été évincé par l'Eglise et remplacé par le lion quand la ville de Haguenau fut fondée au XII e siècle.On trouve cependant au Musée Alsacien une enseigne, probablement d'un restaurant, avec deux ours qui dansent.
Elle nous rappelle qu'avant la guerre, des gitans montreurs d'ours fréquentaient les foires de la ville.
Et dans toutes les chaumières, à Haguenau comme ailleurs, se trouve au moins un ours en peluche...